Mon moule à moi dans la société
Je viens de réaliser depuis quelques jours, que je suis rentrée dans un moule irréversible. Pas un moule en silicone qu'on peut retourner dans tous les sens pour en récupérer la moindre miette de gâteau, un moule en fer à l'ancienne, qui nous oblige à tout laisser dedans si on ne veut pas perdre un peu de valeur.
En fait depuis quelques jours, mon fils est rentré en école obligatoire. Et moi j'ai repris le boulot. Pffiou, deux moules pour le prix d'un.
Cela ne va pas sans une petite déprime évidemment, celle qui te prend sans prévenir et qui t'explique que t'as qu'à être plus riche, ou mieux entourée pour faire ce que tu veux avec tes cheveux. Et oui, il faut se rendre à l'évidence. Je n'ai pas les possibilités de partir 6 mois en Thailande avec mes enfants, de leur faire l'école grâce au CNED le matin, et visiter la jungle et les iles l'après midi à dos d'élephant. Je suis obligée de faire comme tout le monde, d'avoir une existence presqu'insignifiante, de partir en vacances aux périodes scolaires (adieu voyages aux caraïbes), de faire deux heures de queue aux tire-cul des stations de ski, et de me complaire dans une région glauque à souhait, sauf pour les japonais en quète de la "French way of life" parisienne.
Fonder une famille de nos jours nous promet un train de vie commun, et forge nos ambitions les plus... simples, voir ennuyeuses. Alors attention, je suis très heureuse d'avoir des enfants, mais l'avenir me fait presque plus peur qu'avant. Avant, j'avais comme toutes les femmes, peur de ne pas rencontrer LA personne, de ne pas connaitre la maternité, de courrir toute ma vie après un quotidien idéal. Tout ceci est finalement arrivé, pour mon plus grand bonheur. Mais depuis que Quentin est rentré en école élémentaire, c'est comme si mes rêves (les autres) s'étaient envolés, comme si les surprises n'existaient plus. J'ai l'impression de connaitre ma vie à l'avance. Comme si je ne me laissais plus aucune chance de m'émerveiller en ce bas monde pourrave, celui-là même nous harcèle de maladies incurables, et de mentalités mutantes issues de la société de consommation.
Alors oui, tout le monde y pense, je me doute, et c'est pourquoi on en arrive tous à avoir les mêmes ambitions, devenir propriétaire, s'acheter une jolie voiture, se payer tous les 10 ans une semaine en Tunisie (le rêve... je vomis). On arrange notre quotidien, on voit les potes, on se fait des sorties, on se conditionne au "bonheur". Pour moi l'enrichissement, il est intérieur, spirituel. Avoir des biens en plus de mes enfants, dans les conditions actuelles, c'est bien sûr rassurant, au cas où on ne pête pas les plombs un jour et décidons de quitter tout pour une vie moins conventionnelle.
Avoir des enfants nous encourage à avoir une vie rangée. A vivre avec les autres. Et faire comme tout le monde. L'ambition et la vision des choses étant plus restreintes depuis l'arrivée de nos chères têtes blondes, nous cherchons de l'énergie et du bonheur dans la compétition matérielle et financière que nous entretenons avec notre entourage, encouragés par les messages de propagande propres à la société de consommation. Ma voiture est plus belle que celle du voisin, j'ai de la chance ma vie est trop mortelle.
Au secouuuuuurs !!! Je suis dans le BAD les amis.
Bon, je cogite tout ça depuis quelques temps et savez vous à quelle conclusion je suis arrivée ? La pire de toutes.
A : " Lâche l'affaire ma grosse, dans un mois tu seras dans ton rythme habituel boulot-métro-dodo, et tu n'y penseras plus, toute façon t'auras plus le temps".
Et ben ouai. Je suis lobotomisée, comme vous, toi, lui là bas. Merci la vie./